Le 14. janvier 2011 à 15h16
Six Fours
La Reppe
Au milieu des roseaux et des détritus les rats ont encore de beaux jours à vivre
Jean Maury, président de l'Association de protection de l’environnement des Lônes et de ses environs tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme.
« Quelle puanteur… » On entend souvent cette réflexion lorsqu’on passe le pont enjambant la Reppe et reliant Six-Fours à Sanary. C’est une vérité indéniable. En voyant stagner ces eaux où vivent, on ne sait comment, quelques poissons et des canards que nul n’oserait manger. Mais l’odeur n’est pas le seul problème. C’est certes celui qui paraît le plus gênant, mais si les eaux sont un terrain favorable à la prolifération des rats et des moustiques et par endroits elles ne s’écoulent que difficilement. Les berges et le fond de la rivière venant d’Evenos et traversant Ollioules pour se jeter en mer ne sont pas entretenus.
Une loi difficilement applicable
La loi dit que les berges doivent être entretenues par les riverains. C’est réellement la loi, mais dans le cas d’une rivière comme La Reppe est-elle applicable ?
Non. C’est ce que pense les membres de l’Association Protégeons l'Environnement des Lônes" (APEL) qui fait suite à l’Association de défense des intérêts de La Prairie , de l’Ibis et du voisinage (ADIPIV) dissoute en 2009. La nouvelle association est présidée par Jean Maury qui reconnait que « les riverains sont chargés du nettoyage, mais que la commune de Six-Fours et celle de Sanary ont aussi des terrains sur les berges de La Reppe et ces communes ne font rien pour l’entretien. »
Pour les riverains étant donné qu’il y a plusieurs immeubles, ces opérations d’entretien ne sont pas faciles à gérer. Il suffit de se promener le long des berges pour faire un rapide constat. Les roseaux créaient de véritables bouchons qui peuvent provoquer des risques d’inondations. A cela il faut ajouter tous les objets jetés dans le lit de la rivière et qui composeraient vite un inventaire à la Prévert.
Par deux courriers datés du 19 octobre et du 22 novembre derniers, le président de l’association a une nouvelle fois attiré l’attention du préfet sur cette situation. Il lui a été répondu le 28 décembre que selon le code l’environnement et dans son article L.215-14 : « le propriétaire riverain est tenu à un entretien régulier du cours d’eau ». et de poursuivre en rappelant que ce code « donne aussi aux collectivités territoriales la possibilité, mais non l’obligation, d’intervenir sur les cours d’eau en lieu et place des riverains, sous réserve que les travaux aient été déclarés d’intérêt général. »
Mais Paul Mourier, représentant du préfet, qui a signé la lettre, précise que « cette double compétence doit conduire à des interventions complémentaires et non pas concurrentes. Les riverains doivent assurer les opérations ponctuelles d’entretien, le Syndicat intercommunal de La Reppe et du Grand Vallat (Ndlr : rivière séparant Sanary et Bandol) étant chargé, du fait de ses compétences, de définir et mettre en œuvre un programme d’entretien et cohérent sur l’ensemble du cours d’eau. »
En fait, on apprend rien de nouveau avec cette réponse si ce n’est qu’il « est important de souligner ici que l’entretien ne peut suffire à lui seul à éviter les inondations. Il facilite l’écoulement et permet de supprimer les débordements ou les érosions de berge localisés, mais il ne met pas à l’abri des crues exceptionnelles qui restent débordantes quel que soit l’état du lit de la rivière. »
Le syndicat intercommunal doit agir
Enfin, il est reconnu que « quoiqu’il en soit, l’intervention du syndicat me semble dans le cas présent nécessaire, compte tenu de l’état de la rivière, et j’interviens auprès de son président pour qu’il mette en œuvre les actions nécessaires. » Ferdinand Bernhard, maire de Sanary a donc été saisi en tant que président de ce syndicat.
Pour sa part, Jean-Sébastien Vialatte, député maire de Six-Fours réagira certainement. Dans son discours des vœux, il a d’ailleurs abordé cette question d’éventuelles inondations en déclarant « poursuivre notre action pour mettre à l’abri autant que faire ce peut, la ville d’une catastrophe identique à celle de Draguignan. »
Ce problème de La Reppe n’est pas encore résolu. On a même l’impression que les mémoires sont courtes. En 1973, cinq personnes on trouvé la mort emportées dans leur voiture par les eaux de cette petite rivière devenue subitement un oued. Il avait fallu ce drame pour que les pouvoirs publics s’intéressent réellement à son entretien…
P. Ch., le 14 janvier 2011