Le 5. décembre 2018 à 21h49

Toulon Environnement Des poules pour réduire ses déchets

Pour l'achat de deux poules, le Sittomat offre un poulailler d'une valeur de 150 € à tout administré de son territoire. Objectif : tester une solution complémentaire pour réduire ses déchets, dans une démarche à la fois écologique et économique

Martine Bernaud, éleveuse, ''Pure campagne''

Martine Bernaud, éleveuse, ''Pure campagne''

L'opération pilote s'inscrit dans le cadre de la Semaine européenne de réduction des déchets qui a eu lieu du 17 au 25 novembre 2018, et pour laquelle le Sittomat (Syndicat mixte intercommunal de traitement et de transport des ordures ménagères de l’aire toulonnaise) a incité ses administrés à faire l'acquisition de deux poules, en leur offrant un poulailler. Sachant qu'une poule peut manger jusqu'à 150 kg de déchets organiques par an, le potentiel de réduction de ceux-ci représente donc 300 kg pour chaque foyer. Après s'être inscrits, les volontaires sont venus au siège du Sittomat, mardi 4 décembre, récupérer poules et poulaillers.

Rousse, noire ou grise ?


Dans leur cage, les poules pondeuses de l'éleveuse Martine Bernaud ''Pure campagne'' attendent leurs futurs propriétaires. Venue de Grasse, elle a fait deux heures de route et a dû charger ses 250 poules, vendues 30 euros les deux. Quant aux poules Bleu de France, elles valent 18 euros et l'une d'elles a séduit Nicolas, un Gardéen, ravi de faire plaisir à ses enfants. «Les poules, ça s'apprivoise bien et avoir des œufs frais est un vrai plaisir». Président du Sittomat, Jean-Guy di Giorgio est heureux. «L'opération intéresse tout le monde. L'ojectif ''moins de déchets'' séduit les gens. Ils se sentent vraiment concernés, même si cela n'a aucune incidence sur leurs taxes d'ordures ménagères».

Encadrée par le Sittomat


«28,6 % de ce que nous jetons sont des déchets putrescibles, ce qui représente 123 kg par an et par habitant. Une part de ces déchets ne peut être jetée au compost. Pour cette raison, en complément du compostage individuel, nous avons pensé aux poules», explique Jean-Guy di Giorgio. Pendant un an, 1 500 foyers vont expérimenter la solution. Chaque destinataire d'un poulailler doit signer une convention qui l'engage à suivre quelques consignes pour veiller au bien-être de l'animal. «Chaque foyer s'engage à conserver les poules sur une durée minimale de trois ans et ne pas les abattre pour les consommer». Des visites sur rendez-vous sont prévues pour contrôler le bon déroulé de la démarche.

Sensibiliser au zéro déchet


François et sa fille Annie, viennent de récupérer leurs poules. «Je dis bravo à ce dispositif, les poules en profitent», annonce le papa, tandis que sa fille pense déjà aux bons œufs en devenir. «C'est génial parce qu'on va pouvoir ne plus jeter nos déchets et les donner aux poules, qui mangent tout». Ou presque ! Mais là encore, un petit livret d'information leur est fourni. Partenaire de l'opération, le collectif Zéro déchet Toulon est représentée par Ingrid Pénalva, adhérente et militante convaincue : «Le Sittomat est toujours intéressé par nos idées et nos actions. Chaque personne que l'on a sensibilisée fait tâche d'huile». Et de rajouter, «ce n'est pas parce qu'on ne fait pas tout, qu'il ne faut rien faire».

Embarquement immédiat


Après avoir mis les poules dans la voiture, place maintenant à la phase finale, la récupération du poulailler. C'est Eric Khayadjian, qui préfère se faire appeler George Clooney pour des raisons évidentes de simplicité, qui charge les poulaillers dans les voitures. L'ambassadeur du tri fait également office de conseiller. La boucle est bouclée. «L'an prochain, je proposerai à tous les foyers qui ont expérimenté la solution de venir avec deux œufs chacun, et nous ferons une omelette géante», déclare le président du Sittomat, jamais à court de nouveaux projets.

Chantal Campana, le 05 décembre 2018