Le 6. mai 2017 à 16h27

Six Fours Mode La collection d'une jeune Six-Fournaise sur le catwalk

La Six-Fournaise Marianna Ladreyt, finaliste au Festival de la Mode à la Villa Noailles fin avril, a présenté une collection d'une originalité époustouflante. Entretien avec une jeune créatrice très talentueuse.

Marianna Ladreyt
(photo Vincent Flouret)

Marianna Ladreyt (photo Vincent Flouret)

Trois cents créateurs étaient en compétition au 32ème Festival International de Mode et de Photographie d'Hyères du 27 avril au 1er mai. Marianna Ladreyt faisait partie des 10 finalistes, 2 garçons et 8 filles, qui ont vu leurs collections défiler sur le catwalk.

Moitié Chypriote moitié Française, Marianna Ladreyt, 27 ans, a grandi à Six-Fours. Elle fait les Beaux-Arts à Toulouse où elle obtient un DNAP Art et Design.« J'ai fait les Beaux Arts pour tout explorer, mais c'est en voyant le Festival de la Mode à Hyères que j'ai su ce que je voulais faire », dit-elle. Elle suit donc un cursus de mode à l'Ecole d'Art d'Amsterdam, la Gerrit Rietveld Academie, et c'est sa collection de fin d'études qu'elle a adapté pour le 32ème Festival International de la Mode.

Drapés pour homme


Au départ mixte, elle a dû la rendre unisexe. « Quand je dessine, c'est le volume qui m'intéresse. Le genre n'influe pas du tout. On a déjà vu des drapés sur une femme, ça fait princesse. On est déjà allés là, c'est donc moins intéressant. C'est en revanche beaucoup plus fort sur un homme. » Les mannequins choisis par la directrice de casting Maïda Grégory-Boina étaient parfaits. « Il y a eu une véritable osmose entre nous et ils ont super bien joué le jeu. »

Le Festival a amené les finalistes à Première vision, le salon du textile à Paris, pour qu'ils y choisissent des échantillons proposés par les sponsors. Cette année, le Festival comptait deux prix en plus, un prix des accessoires avec un jury dédié et un prix de 10 000€ décerné par Chloé. Les finalistes ont eu le bonheur de visiter les archives de la marque et ont pu observer les changements de style impulsés par les différents directeurs artistiques. Ils ont également visité les ateliers de Lesage et Lemarié, fabricants de broderies et de plumes pour Chanel.

Une beauté universelle


La collection de Marianna exprime la fascination de passer, avec des gestes très simples, de la 2D à des volumes en 3D. Peut-être grâce à ses origines, l'exemple le plus beau de cette transfiguration est pour elle la toge. Si celle-ci évoque la beauté universelle des statues grecques, elle est toutefois peu pratique à vivre. Marianna la rend fonctionnelle, en lui rajoutant des poches par exemple.

En mouvement


Marianna crée pour le flâneur et l'aventurier : « Pour celui qui n'a pas peur de sortir de sa zone de confort en se déplaçant physiquement dans l'espace, le ciel, la mer, la glace, la savane… » Elle s'inspire de l'aviateur, du naturaliste, du scientifique pour créer l'astroga, le polartoga, le safaritoga… La toge y est évoquée dans le drapé et dans la diagonale. Comme Mary Poppins, on rentre dans le vêtement par l'image. Pour l'aviateur, c'est Belmondo devant le ciel, son écharpe blanche au vent.

Projets


Si Marianna n'a pas remporté le Grand prix du jury (attribué à la Suissesse Vanessa Schindler), elle est ravie de l'expérience. « L'ambiance entre les créateurs était très bonne et tous pleuraient au moment de se quitter. » Son objectif maintenant, chercher du travail sur Paris et… monter sa propre marque ! « J'ai cherché un atelier avant même de chercher un logement. » Dans un atelier partagé, pour minimiser les coûts et faire de belles rencontres, elle a déjà commencé à fabriquer des sacs. « Les sacs sont une bonne alternative car ma collection est folle et peu commercialisable à grande échelle. » Marianna veut sortir des salles d'exposition pour créer des vêtements et des accessoires que les gens puissent porter. « Je le fais pour les autres. C'est un sentiment incroyable de voir les vêtements que l'on a dessinés sur quelqu'un. »

Le rêve d'une créatrice


Un point sur lequel elle ne tergiversera pas, ses tissus seront fabriqués en France, sauf s'il s'agit d'artisanat spécifique. Marianna admet un côté idéaliste : « J'ai envie de sauver les océans ». Elle se dit d'ailleurs intéressée par la fabrication de tissu à partir du plastic trouvé dans la mer.

, le 06 mai 2017