Six Fours
Entreprises
Aider les aidants et les entreprises
L'Association de développement des entreprises de Toulon-Ouest (ADETO) souhaite initier un projet d'appui aux aidants actifs et entreprises. L'occasion, pour l'équipe porteuse de cette démarche, d'en expliquer les enjeux à la presse, lors du 15ème salon Var Up qui s'est déroulé au Palais Neptune, jeudi dernier.
En partant de la gauche, Emmanuel Bouillin (Novation Consulting), Michel Cresp, président de l'ADETO, Jocelyne Extra (CID) et Béatrice Jungas (HUMANIS)
Un nom un peu mystérieux (APACTE) qui abrite un concept non moins mystérieux (Appui aux aidants actifs et entreprises). Difficile au premier abord, d'imaginer ce que tout cela signifie. Pourtant, derrière ce qui peut paraître un peu rébarbatif, se cache un véritable problème sociétal que tout le monde connaît, certains pour l'avoir vécu, d'autres pas encore, et dont personne ne parle : la vie de ceux qui accompagnent au quotidien, un proche dépendant, malade ou handicapé. Avec tout ce que cela comporte de difficultés, tant pour le salarié qui doit trouver un équilibre entre sa vie professionnelle et l'aide à un parent, conjoint ou enfant, qu'à un chef d'entreprise qui doit faire face à l'absentéisme et aux arrêts maladie.
L'ADETO, site pilote du projet
Forte de son potentiel de 1 500 entreprises et ses 17 000 emplois sur les communes de La Seyne-sur-Mer, Ollioules et Six-Fours-les-Plages, l'Association de développement des entreprises de Toulon-Ouest était toute indiquée pour porter un projet impliquant directement les entreprises. En effet, les ''actifs aidants'' posent le problème, au cœur de la société entrepreunariale, d'une responsabilité qu'elle ne peut ignorer. Aujourd’hui, 4 millions de salariés sont des aidants, soit 15% des actifs. Mais en 2030, 40% seront concernés. Un constat qui a amené Michel Cresp, président de l'ADETO, à se pencher sur la question : «Il est urgent de réfléchir à ce phénomène sociétal, afin de trouver de nouvelles organisations de travail et de répondre aux obligations légales. L'entreprise, de plus en plus confrontée au développement du nombre de ses salariés ayant un rôle d'aidant, y gagnera en performance et forcément, sur le plan économique».
Une démarche nationale
Tout commence en 2015, quand la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) lance un appel à projets afin de soutenir des démarches innovantes dans le domaine de l'aide aux aidants. Le projet APACTE est alors retenu. Porté par le CID (Collectif d’Ingénierie de Développement), et Novation Consulting (certificateur RSE entreprise et lieux de vie), il est également soutenu par le groupe de protection sociale Humanis. Pendant un an, le projet va faire l'objet d'une expérimentation. Mi-2018, tous les partenaires dresseront un bilan. Objectif : mettre en place les moyens nécessaires pour permettre aux chefs d’entreprise de pouvoir concilier performance et responsabilité humaine, tout en apporant des solutions aux aidants actifs.
Soutenir les entreprises, aider les salariés
«Nous tous, serons un jour aidants et les contraintes qui en découlent ne s'arrêtent que très rarement aux portes des entreprises. Il y a des conséquences sur les salariés. Dans les grands groupes comme la Poste par exemple, des structures sont mises en place, mais dans les petites et moyennes entreprises ce n'est pas le cas», annonce Emmanuel Bouillin, président de Novation Consulting, partenaire du projet APACTE. «De par la montée des aidants en France, il faut travailler sur les besoins de l'entreprise et du salarié. La plupart des employeurs ignorent que certains de leurs salariés sont des aidants. Or ceux-ci ont parfois des absences. On est dans l'ordre de l'arrangement, mais ça peut craquer. Il faut donc que les politiques publiques puissent soutenir les entreprises».
La France en retard
Béatrice Jungas, chef de projet pour la société Humanis, prévient : «Aujourd'hui, on vit beaucoup plus vieux et la retraite dure longtemps, il s'agit donc de la vivre en bonne santé. Mais si perte d'autonomie il y a, les aidants familiaux vont vivre un quotidien difficile». Un constat dont tient justement compte Jocelyne Extra, psychosociologue, qui représente le CID : «Les aidants doivent prendre du temps pour eux. Souvent, ils sont eux-mêmes âgés. Sur cette problématique, nous avons 7 à 8 ans de retard sur les pays anglo-saxons, notamment sur le Royaume-Uni où l'on préfère donner de l'argent aux familles aidantes plutôt qu'à une personne malade».
''La petite entreprise'', reine du travail
«La France du travail est menée à 90% par les PME et non par les grands groupes. Les chefs d'entreprises n'ont pas les connaissances nécessaires pour affronter le problème et c'est cela qui a intéressé la CNSA», précise Michel Cresp. Aujourd'hui, force est de constacter que des trentenaires s'occupent de leurs parents avec ce que cela comporte : problèmes d'accompagnement, de coût, de disponibilité. Et le président de l'ADETO de conclure : «Des dispositifs existent au niveau national, nous devons convaincre les chefs d'entreprises et leur demander d'exposer ce que sont leurs atouts et voir leurs besoins. La petite entreprise va continuer à se développer et il y aura donc de plus en plus d'aidants».