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Le 13. avril 2015 à 11h40

Six Fours Santé La réforme du tiers-payant généralisé, un enjeu pour la population

Votre généraliste était-il en grève ? A-t-il fait la grève de la carte vitale pendant plusieurs semaines ? Le docteur Stéphane Laurent nous explique pourquoi il s’oppose au projet de loi de Marisol Tourraine.

Le docteur Stéphane Laurent

Le docteur Stéphane Laurent

Le docteur Stéphane Laurent réside au Brusc et a longtemps été généraliste au-dessus de la pharmacie des Playes. Il a déménagé dans la zone industrielle des Playes car il ne pouvait plus payer ses impôts, même si le loyer y est beaucoup plus onéreux. Il s’oppose au projet de loi du gouvernement de rendre la consultation gratuite pour tous les assurés. Il a donc fait la grève de la carte vitale et était en grève mardi 31 mars. Il nous dit pourquoi.

Réforme mauvaise pour les médecins


« Je ne suis pas contre le tiers-payant, mais contre le fait qu’il soit rendu obligatoire. On deviendrait alors salarié de la Sécurité sociale. Si j’ai fait dix ans d’études, c’est pour être en libéral, pas salarié. » Stéphane explique qu’il existe en France une quantité innombrable de mutuelles, ce qui rend la gestion du tiers-payant difficile. A chaque fois que le logiciel ne correspond pas, il faut faire une feuille? Le médecin est payé au mieux 5 ou 6 semaines après, comme les infirmières et les kinés, au pire 2, 3 voire 4 mois plus tard, après les avoir relancés plusieurs fois... Ce travail administratif est impossible à caser dans des semaines de 70 heures. « Il nous faudra travailler la nuit... »

Réforme mauvaise pour la population


Si cette réforme est mauvaise pour les médecins, elle l’est pour le grand public également, estime Stéphane Laurent. « Les médecins en France sont passés de 55 000 à 22 000, même si on a relevé le numerus clausus. Un médecin sur neuf seulement décide d’exercer en libéral. La désertification s’observe même ici. Je ne prends plus de patients et mes collègues sont dans le même cas. J'aimerais prendre le temps de bavarder avec mes patients, mais suis obligé de ne leur consacrer que dix minutes chacun. Malgré cela, les patients doivent attendre trois jours en moyenne pour avoir un rendez-vous et se rendent de plus en plus à l’hôpital pour une consultation. »

« Je suis révolté ! »


Qui plus est, Stéphane Laurent se dit mal représenté par les syndicats. « Si le prix de la consultation avait suivi le coût de la vie, elle devrait être à 47€. La moyenne en Europe est de 40€ et en Suisse elle est à 150€ ! Les syndicats demandent eux 25€… Alors que les plombiers prennent 70€ pour un travail de quinze minutes ! Il faut faire attention aux médecins ou il n’y aura bientôt plus personne. Nous sommes une élite non reconnue. »

, le 13 avril 2015