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Le 11. janvier 2013 à 01h05

Six Fours Mariage pour tous «J'irai à la manifestation »

A l'heure où le projet de la loi Taubira sur le "Mariage pour tous" divise les partis politiques, nous ouvrons le débat sur la position du député-maire Jean-Sébastien Vialatte.

Les opposants au mariage des homosexuels espèrent rassembler plusieurs milliers de personnes à la manifestation qui se déroulera ce dimanche à Paris. Jean Sébastien Vialatte annonce qu'il y participera.

Pourquoi aller à cette manifestation?


J'irai à cette manifestation, en premier lieu pour le problème que pose la PMA (Procréation Médicalement Assistée) et en deuxième lieu pour celui de la filiation. Je ne serai pas dans le cortège des élus, j' y vais en tant que citoyen.

Quelle est votre position sur le mariage pour tous?


Ce terme est une rhétorique qui permet de présenter les choses de façon sympathique, mais c'est faux. Ce qu'on nous propose n'est pas le mariage pour tout le monde, certains mariages seront toujours proscrits, il y aura toujours des interdits sur la bigamie ou l'inceste par exemple.
L'idée de faire un contrat entre deux hommes ou deux femmes ne me dérange pas. Je suis favorable pour un texte qui donnerait les mêmes droits sociaux et patrimoniaux que le mariage mais qui ne s'appellerait pas mariage. Le mariage reste dans toutes les sociétés occidentales ou les sociétés qui ont des religions monothéistes prédominantes une valeur symbolique très forte. C'est quelque chose de sacré qui a pour fonction l'union d'un homme et d'une femme et celle d'assurer une descendance. Ce côté symbolique du mariage est le fondement de notre société.

Les revendications des couples homosexuels ne se font elles pas dans un souci d'égalité?


Dans le souci d'égalité on va permettre aux homosexuels d'avoir un contrat identique a celui d'un couple hétérosexuel, très bien, mais on va créer une inégalité entre les enfants. On aura des enfants qui auront un père et une mère et d'autres deux pères ou deux mères. On est en train de segmenter la société entre les enfants qui vivront des situations différentes. Dans les familles recomposées, même si l'enfant est élevé par un couple homosexuel, cet enfant a un père et une mère.

Quelle incidence sur la filiation?


Aujourd'hui on est en train de faire croire aux couples d'adultes qu'ils ont un droit. Un enfant n'est pas quelque chose que l'on va chercher sur un rayon. Non, l'enfant est un sujet et non pas un objet que l'on décide de s'approprier à tout prix. L'enfant a besoin de s'inscrire dans une histoire familiale, dans un arbre généalogique, ce qu'il sera extrêmement difficile de faire avec les couples homosexuels. Ce que je trouve aberrant c'est que la loi va permettre d'écrire une espèce de mensonge: on va faire croire à l'enfant qu'il a deux pères ou deux mères, on va écrire dans le livret de famille une fiction.
En matière de filiation il est dit dans la convention des droits de l'enfant que celui-ci a le droit de connaître ses origines, comment va-t-on arriver à articuler tout ça? Quand ces enfants auront 18 ans et demanderont à connaître leurs véritables géniteurs, qu'est-ce qu'on va faire? Ce problème a déjà été soulevé et l'assemblée a eu beaucoup de peine à trancher sur la reconnaissance des origines des enfants nés de donneurs de sperme.

Et la Procréation Médicalement Assistée (PMA)?


J'y suis farouchement opposé. Je suis contre la PMA, qu'elle soit pour des couples homosexuels ou hétérosexuels, si celle-ci répond à une demande pour convenance personnelle. La PMA, comme son nom l'indique, est un acte médical qui se pratique pour résoudre une maladie, elle n'est pas là pour faire plaisir aux adultes. Encore une fois on se trompe en faisant croire qu'on peut satisfaire toutes les envies des adultes. Par contre, si une femme homosexuelle est stérile, on peut lui ouvrir la PMA, parce qu'elle est stérile et non pas parce qu'elle est homosexuelle. La médecine n'est pas là pour faire des bébés sur commande, elle est là pour réparer, pas pour transformer les choses. Derrière tout ça, je pense qu'il y a une petite minorité qui veut nous imposer l'idée que l'identité sexuelle n'est pas biologique mais culturelle. C'est une remise en cause totale de la famille telle qu'on la connait.

Le mariage entre homosexuels existe pourtant à nos frontières...


Bien sûr. Ceci dit, ce n'est pas parce que certains pays européens font des erreurs qu'on est obligé de les copier. Ceux qui ont dépénalisé le cannabis, par exemple, tentent de revenir en arrière, car le cannabis produit des dégâts considérables chez les jeunes. On n'est pas obligés de s'aligner sur les autre pays, il faut avoir des convictions et s'y tenir.
On est dans une société où chacun maintenant va faire son marché en fonction de ce qui lui convient, pour la fiscalité je vais en Suisse, pour ce qui concerne la bioéthique je vais en Espagne. Il faudra bien à un moment que l'Europe essaye d'unifier ses législations.

Peut-on vraiment empêcher cette marche en avant?


On peut toujours, mais on est quand même dans un monde qui est en perte complète de repères. Le mariage est un vrai repère et je pense que c'est dangereux de le démolir sans rien reconstruire à côté. Il est extrêmement difficile de revenir en arrière. Il n'y a rien d'homophobe dans mes propos.

Étiez-vous vous pour un référendum?


Cela le méritait. Parmi les 15 propositions de François Hollande, le soir de son face à face avec Nicolas Sarkozy , il avait dit « Moi président, je consulterai la population pour tous les grands sujets de société. Il aurait fallu consulter la population sur ce sujet, on aurait pu trouver un terrain d'entente comme un contrat d'union civile car sur les problèmes d'adoption, de filiation et de PMA il y a un véritable clivage. Ce qui m'inquiète c'est que j'ai le sentiment qu'on est en train de monter les français les uns contre les autres, on l'a beaucoup reproché à Nicolas Sarkozy, mais que fait-on aujourd'hui? on monte les riches contre les pauvres, l'école laïque contre l'école catholique ... A un moment ou nous devrions avoir un consensus moral pour nous sortir de cette crise nous augmentons les clivages. On ne sait pas en France, contrairement aux pays anglo-saxons, organiser le débat public, on n'a pas cette culture. Il faut vraiment qu'on s'y attaque. S'il y avait un vrai débat public on saurait de quoi on parle, on se forgerait une opinion. Aujourd'hui les opinions sont plutôt « épidermiques ». En organisant un débat on arrive toujours à un consensus.

Ce débat doit il se faire aussi à l'école?


L'école doit être un lieu de débat et non pas d'endoctrinement, toutes les opinions peuvent s'y exprimer, je parle d'adolescents et de jeunes adultes bien sûr.
Dans le débat actuel on occulte complètement la position des autres cultes, les cultes musulmans ou judaïques on bien défilé dans des manifestations sans que cela ne provoque le moindre débat. Je trouve qu'on stigmatise un peu trop l'école catholique dans cette affaire.

Allez vous célébrer des mariages homosexuels dans votre mairie?


Si la loi passe, évidemment, je marierai des couples homosexuels. Mais je ne suis pas certain que ce soit une revendication d'une majorité d'homosexuels. Les couples se marient de moins en moins parce que derrière le mariage il y a beaucoup de contraintes. Je pense que ces revendications viennent d'associations extrêmement actives mais minoritaires.

A.I, le 11 janvier 2013