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Le 27. février 2015 à 15h12

Six Fours Cinéma Philippe Barassat au Six n'étoiles

Philippe Barassat est un scénariste et réalisateur sinon marginal du moins original. Les sujets de ses films tournent souvent autour de deux thèmes : le handicap, le sexe et ses personnages sortent à chaque fois de l'ordinaire.

Philippe Barassat

Philippe Barassat

Dans "Indésirables", qu'il est venu présenter en avant-première au Six n'étoiles. Le héros, Aldo, est un jeune infirmier qui, à l'aube de se marier, se retrouve sans emploi et sans argent. Il va trouver un boulot pour le moins surprenant puisqu'il va se prostituer mais avec des personnes handicapées. Cela donne un film en noir et blanc dont les deux sujets restent encore, sinon tabous, du moins difficiles à aborder : la prostitution mâle et la sexualité chez les handicapés qui est une réalité.
Présenté avec un débat animé par la Ligue des Droits de l'Homme de la Seyne, le public n'a pu rester indifférent à un tel sujet qui a donné lieu à des échanges fort intéressants devant un réalisateur on ne peut plus sympathique dans sa démarche qu'il trouve tout à fait naturelle.
C'est à l'Hôtel des Rives d'Or de la Seyne qu'il nous avait donné rendez-vous avant la projection puisque nous avions eu le privilège de voir le film avant qu'il ne soit projeté.

Philippe, c'est le premier film que tu n'écris pas tout seul...
C'est vrai, je l'ai co-écrit avec Frédéric Lecoq qui fut un de mes étudiants en classe de scénario et qui est devenu un ami. Je cherchais un sujet qui ne soit pas trop cher à réaliser dans un unique décor. Etant lui-même handicapé, l'idée est venue de tourner autour du désir, des tourments du désir chez ces personnes-là. La sexualité étant un sujet qui m'a toujours passionné, nous sommes partis sur cette idée.

C'est un sujet sensible qui aurait pu facilement verser dans le scabreux, le voyeurisme car il y a quelques scènes assez difficiles
Je ne pense pas à tout cela lorsque je fais un film. J'essaie de rester moi-même. C'est vrai que l'on m'a déjà dit que j'étais souvent sur le fil du rasoir alors que j'ai l'impression d'être dans une grande avenue... Ma sensibilité est claire et il me semble que ce que j'ai à raconter est évident. Je n'ai pas l'impression d'être obscène, je ne me pose pas ce genre de questions.

Hormis quelques comédiens, tu a tourné avec de véritables handicapés...
Oui, c'est une chose à laquelle je tenais. Je ne me pose jamais le problème du handicap et j'ai déjà tourné avec des handicapés si le rôle s'y prête. Evidemment je ne le ferais pas si je tournais un film sur un coureur de fond mais là, le sujet était évident et prendre de "vrais" acteurs pour jouer des handicapés ne me semblait pas utile dans la mesure où il y a des comédiens handicapés qui sont des humains comme les autres avec un handicap.
Je me suis mis au rythme des handicapés, ce qui donne un film étrange et musical. Et j'aime cette musique.

Difficile de tourner des scènes de sexe avec des handicapés ?
Difficile tout court de tourner ce genre de scène pour qui que ce soit. Pour moi qui suis très pudique, pour les comédiens qui ont toujours une gène de se mettre nus devant tout le monde.
Eux n'ont pas eu ce problème car ceux qui ont accepter de jouer savaient où ils allaient et ce qu'ils devaient faire. Lorsqu'ils ont vu le film ils étaient très heureux et reconnaissants, d'abord qu'on parle d'eux et de leurs problèmes et puis parce que c'était une vraie reconnaissance et que le regard familial, après ce film, a changé. Ca les a sortis de leur solitude.

Le choix du noir et blanc...
J'ai tourné des films avec beaucoup de couleurs, la nouvelle vague nous a habitués à tourner à l'extérieur car c'était moins cher à l'époque. Aujourd'hui c'est le contraire avec ce droit à l'image que je ne comprends pas et qui coûte très cher. La mairie de Malakoff nous a prêté un appartement et je ne pouvais pas m'amuser à le peindre. Il est donc resté tel quel et j'ai choisi de tourner le film en noir et blanc.

Le comédien principal, Jérémie Elkaïm est, je trouve, lumineux dans ce rôle ambigu, avec son visage d'ange et ce que l'amène à faire la vie...
Il tourne dans presque tous mes films. C'est un beau et bon comédien qui est devenu mon ami, mon petit frère au fil des tournages. Je trouve qu'il a la trempe d'un Yves Montand, à la fois plein de charme et de mauvaise foi. Et ce rôle lui colle parfaitement. Je pensais prendre un black au départ et au fur et à mesure que j'écrivais le rôle, je me disais que c'était lui.
Et ça a été lui !"

, le 27 février 2015

Autres photos:

Jérémie Elkaïm