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On ne peut donc être plus heureux d'autant que, outre le fait qu'il joue dans le film, il a écrit le scénario, d'après son vécu, avec la réalisatrice, Marie-Castille.
L'histoire, on le sait, est celle d'une classe difficile dans laquelle va arriver une prof (merveilleusement interprétée par la sublime Ariane Ascaride) qui va tout bouleverser lorsque, avec une patience angélique et une ténacité hors norme, elle arrivera à fédérer tous les élèves autour d'un concours national d'Histoire. Le sujet : la Shoah. Peu à peu tous prendront conscience du drame, se remettront en question et finiront par faire bloc autour de ce projet.
Histoire vécue par Ahmed et sa classe, le professeur étant Anne Anglès. Il a alors 15 ans 1/2 et ce drame lui saute aux yeux par le récit de Léon Zyguel qui joue son propre rôle et qui a vécu les camps alors qu'il avait 15 ans.

Ecrire une histoire qui me ressemble

"J'ai - me dit-il - toujours eu envie de jouer et d'écrire. Dès que je suis entré dans ce métier, j'ai fait des castings et, en lisant les scénarios, déjà je m'intéressais à leur écriture, à leur construction... Mais je voulais écrire une histoire qui me ressemble, partager quelques chose, un vécu, des souvenirs qui m'ont marqué. Et comme cette année d'école m'avait marqué, j'ai voulu la raconter car ça a été ma plus belle expérience. Je me suis donc lancé dans l'écriture sans en parler à personne et ce n'était pas dans le but de m'écrire un rôle. Je voulais raconter cette histoire et aussi honorer ces professeurs qui se battent dans l'ombre, quelquefois très démunis et enfin rendre hommage à des gens comme Léon Zyguel, qui ont combattu avec courage, qui ont souffert et qui sont restés droits. Il est mort aujourd'hui, je viens de l'apprendre, et je suis infiniment triste.

Tu étais très jeune et après avoir écrit l'histoire, que s'est-il passé ?
Oui, j'avais alors 17 ans 1/2 et j'ai commencé un parcours du combattant, proposant partout mon scénario qu'on me refusait pour mille excuses, la première étant qu'on ne prenait pas au sérieux l'adolescent que j'étais, ce que je peux comprendre. J'ai eu des moments de doute, j'ai décidé d'arrêter et puis je me suis dit que si c'était ce que je voulais faire, je ne pouvais pas m'arrêter là.

Et tu as rencontré Marie-Camille...
Oui, j'ai trouvé son numéro sur Internet, j'aimais ce qu'elle faisait et j'ai pensé qu'elle pouvait me conseiller, elle qui est scénariste, réalisatrice, productrice. Elle m'a aussitôt ouvert sa porte et nous avons passé l'après-midi ensemble. Elle s'est vraiment intéressée à moi, m'a beaucoup questionné et à la fin elle m'a dit : "Alors, qu'est-ce qu'on fait ? Que veux-tu faire ?". J'en étais estomaqué !
En fait on a réécrit ensemble le scénario qu'elle a décidé de tourner et dans lequel je joue mon propre rôle.

Puis il y a eu Ariane Ascaride...
Pour moi d'un grand soutien. C'est une grande comédienne doublée d'une femme magnifique. Elle m'a fait beaucoup avancer et c'est grâce à elle si aujourd'hui je suis nommé aux Césars. Seule ombre au tableau : elle n'est pas nommée alors qu'elle le méritait tellement ! Mais elle est heureuse pour moi et elle ne court pas après ça... Elle est au-dessus de ça...

Ahmed est un magnifique garçon à la fois intelligent, la tête bien sur ses épaules, émouvant dans ces propos, propos qu'il exprime avec simplicité, un langage châtié. Il garde la tête froide malgré tout ce qui lui tombe dessus de bonheur et d'honneurs. Il sait que c'est un métier difficile qu'il vient à peine d'aborder, qu'il a plein de choses à découvrir, à vivre, à apprendre et surtout que c'est un métier toujours aléatoire.
Mais aujourd'hui, ce garçon discret est prêt à foncer et à tout faire pour exercer sa passion avec intelligence, honnêteté et clairvoyance.
Une belle âme que les spectateurs du Six n'étoiles ont pu apprécier dans deux rencontres où ils étaient à la fois sur le coup de l'émotion du film et sous le charme de ce garçon lumineux.

Avec Noémie Dumas