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Le 22. avril 2015 à 09h13

Ollioules Echo Eco Le pépiniériste de Valbray, premier producteur de France de muguet

Depuis la Renaissance, Ollioules a toujours occupé une place prépondérante en matière de production florale. Et c’est donc sans surprise si une entreprise horticole du village, la pépinière de Valbray, se hisse aujourd’hui (avec pas moins de 2 millions de « griffes ») à la première place de la production nationale du muguet, ces adorables et si parfumées petites clochettes porte bonheur, fleur d’un seul jour, qui vont inonder dans quelques jours les marchés et les coins de rue

Tanneguy de Valbray aux côtés d'une partie de ses employés

Tanneguy de Valbray aux côtés d'une partie de ses employés

Sous les abris de la pépinière de Tanneguy de Valbray (à une centaine de mètres de la nouvelle caserne des Sapeurs Pompiers d’Ollioules, en direction de La Seyne en venant de Sanary ou d’Ollioules), c’est l’effervescence. On s’y agite comme les abeilles dans une ruche.

La raison ? Conditionner dans des petits pots en terre cuite 300.000 griffes de muguet par jour pour les expédier, dans des camions spécialement aménagés, dans tous les horizons de France, principalement en région PACA, en Rhône-Alpes, dans le Sud-Ouest et en région parisienne. Sous le regard plus que jamais attentif du patron, omniprésent et qui, lui aussi, met la main à la pâte.

Petit rappel historique


En France, le muguet est la fleur d’un seul jour, celui de la fête du Travail. Vendre du muguet, c’est la dernière activité commerciale que tout un chacun peut exercer dans la rue en toute liberté. Les vertus de la Convallaria Majalis sont également utilisées en Médecine comme tonique cardiaque et comme diurétique. Il semble que le muguet aussi appelé lys des vallées, une plante originaire du Japon, soit présent en Europe depuis le Moyen Âge.

La plante à clochettes a toujours symbolisé le printemps et les Celtes lui accordaient déjà des vertus porte-bonheur. Le 1er mai 1561, le roi Charles IX officialisa les choses : ayant reçu à cette date un brin de muguet en guise de porte bonheur, il décida d’en offrir chaque année aux dames de la cour. La tradition était née.
La fleur est aussi celle des rencontres amoureuses. Longtemps, furent organisés en Europe des « bals du muguet ». C’était d’ailleurs l’un des seuls bals de l’année où les parents n’avaient pas le droit de cité. Ce jour-là, les jeunes filles s’habillaient de blanc et les garçons ornaient leur boutonnière d’un brin de muguet.

Le 1er Mai 1895, le chansonnier Mayol (originaire de Toulon) qui avait été accueilli par son amie Jenny Cook avec du muguet, arbora le soir même à sa boutonnière du muguet à la place du camélia traditionnel… C’est le 20 juin 1889 que le congrès de la IIème Internationale socialiste, réuni à Paris pour le centenaire de la Révolution française, décide de faire du 1er mai un jour de lutte à travers le monde, avec pour objectif la journée de huit heures. Cette date fut choisie en mémoire du mouvement revendicatif pour la journée de 8 heures qui avait été lancé par les syndicats américains le 1er mai 1886 de Chicago.
Une grève, suivie par 400 000 salariés, avait paralysé de nombreuses usines. Le mouvement s’était poursuivi et le 4 mai, lors d’une manifestation, une bombe avait été jetée sur les policiers qui ripostèrent. En avait résulté une dizaine de morts, dont 7 policiers et s’en était suivi la condamnation à mort de cinq anarchistes.

Le 1er mai 1941 devient journée du Travail


Dès 1890, les manifestants arborent un triangle rouge symbolisant leur triple revendication : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs. Cette marque est progressivement remplacée par une fleur d’églantine, puis en 1907 par un brin de muguet, ce qui annonce son
Grand retour... Et le 24 avril 1941, en pleine Occupation allemande, le 1er mai est officiellement désigné comme la fête du Travail par le gouvernement de Vichy qui espérait rallier les ouvriers. Le jour devient chômé. En avril 1947, la mesure est reprise par le gouvernement issu de la Libération, mais celui-ci faisant du 1er mai un jour férié et payé.

Après les iris, le muguet...


Mais après ce rappel historique, retour chez dans le saint des saints chez Tanneguy de Vallebray, là où tout commence, c’est-à-dire sur de nombreux hectares et une immensité de serres bâchées au quartier du Lançon.
C’est là, au cours du terrible gel de 1985, que cette horticulture a perdu en quelques heures la totalité de sa production d’iris. Mais loin de s’incliner devant une cette infortune, il a préféré relever le défi et, paradoxe, de produire du muguet, une fleur qui ne supporte pourtant pas le soleil mais s’épanouit plutôt du côté de Nantes ou même en Allemagne.

Une fleur du Japon qui n'aime pas le soleil


Alors, il a décidé de se lancer dans la production de muguet. Il explique :
« Cette fleur originaire du Japon a besoin de régions tempérées, de zones d’ombres et pousse plutôt en forêt ; j’ai dû m’adapter, me disant que même les Grecs, au climat portant méditerranée, en cultivaient, alors que le soleil y est encore plus abondant qu’ici. ».Il s’est alors mis à étudier, à renforcer sa terre avec un peu de sable avant de faire venir des griffes de la région de Nantes

Plantés le 16 mars et surveillés comme le lait sur le feu

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« Nous les avons plantées le 16 mars, à la main, griffe par griffe et ensuite, il a fallu les mettre en pots, veiller sur leur croissance en tenant compte surtout de la lumière (très tamisée), de la température (entre 20° et 30°) et de l’hydrographie, ce qui nous a obligé, mes soixante employés et moi-même, à les surveiller comme le lait sur le feu ».Pas question non plus d’arroser à tout var, mais de « bassiner ». Et de surveiller…Quand la température grimpe, il faut ventiler, quand elle descend,,il faut chauffer

300.000 griffes expédiées par jour à Paris, Bordeaux, Lyon...


A présent, les tiges ont poussé, les clochettes sont sorties. C’est là que commence le véritable travail : tout d’abord veiller à la température. « Il m’arrive de sortir la nuit pour parcourir les serres et jeter un œil sur le thermomètre pour régler la température ». Puis vient le conditionnement : 300.000 pots par jour qui partent dans des camions réfrigérés entre 5° et 12° à destination de région parisienne, lyonnaise, du sud ouest et, bien sûr de PACA, destinés à des grossistes et autres revendeurs. Faire du muguet n’est décidément pas une mince affaire, mais une vraie passion. Et de la passion, Tanneguy de Valbray en à revendre…

La pépinière fait évidemment aussi de la vente sur place

F.K., le 22 avril 2015

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