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Le 29. janvier 2013 à 23h00

Le Brusc Pêche Les pêcheurs sont inquiets

Suite à leur dernière assemblée générale, les pêcheurs de la prud'homie du Brusc se sont réunis ce week-end autour de plusieurs sujets qui les préoccupent: plaisanciers en mouillage, réglementation européenne, aménagement du port...

Le premier prud'homme (Eric Féraud) avec son cousin sur la droite, un autre Eric.

Le premier prud'homme (Eric Féraud) avec son cousin sur la droite, un autre Eric.

Le premier prud'homme Eric Féraud n'hésite pas à le dire: "le secteur de la pêche artisanale est toujours en crise". Déjà au niveau européen avec la réforme de la politique commune de la pêche: "il va y avoir la création d'un nouveau régime de droits privés de la pêche, conçu pour la pêcherie industrielle et non pas pour la pêche traditionnelle ayant des pratiques plus durables". Ces nouvelles dispositions permettraient même d'autoriser la valorisation de poissons hors taille et hors quota, signe criant d'un soutien à la "pêche non-durable". Cri d'alarme des pêcheurs, le premier prud'homme ajoutant: "nous ne voulons pas disparaître en même temps que ces poissons que nous capturons depuis des générations. Nous cultivons la polyvalence par un panel de techniques sélectives, or cette polyvalence est aujourd'hui menacée par la réglementation européenne et française". Puis de préciser: "la grande richesse des petits métiers de Méditerranée c'est d'avoir su depuis des générations, grâce à la gestion prud'homale, limiter l'effort de pêche".

Des problèmes aussi au niveau local


Côté port et non loin...
Plusieurs points sur l'aménagement du port sont à relever:
Sans surprise, la nouvelle panne a réduit le champs des manœuvres: "il n'y a pas la place pour se croiser à l'entrée de la panne, il y a un vrai risque d'accident". Sur l'absence de grue: "nous, nous étions plutôt favorables à ce que le concessionnaire reste, aujourd'hui nous n'avons plus rien, nous ne pouvons pas avoir une petite grue pour tirer nos bateaux à terre, c'est le flou le plus complet". Enfin pour ce qui est de la station d'avitaillement, cela ne semble guère mieux: "elle ne cesse de tomber en panne, c'est une vraie galère, sans parler du vandalisme".
Autre sujet de préoccupation signalé par le cousin du premier prud'homme, Eric Féraud: "on attend des nouvelles de l'étude sur l'ensablement". Mais pour les pêcheurs, la raison de cet ensablement ne semble pas faire de doute: "tous les ans ils remettent des milliers de mètres cubes de sable sur les plages, cela a des conséquences sur la lagune et sur d'autres sites de la zone, il y a de quoi s'inquiéter".
Quelques points positifs cependant: "on dispose de bacs à filets avec un gerbeur qui fonctionne. On remercie aussi la mairie, le conseil général et la région qui nous ont permis de financer notamment les travaux d'entretien de la machine à glace..."
Diminution des zones de pêche
Concernant les zones de pêche, il y a un vrai ras le bol, les pêcheurs se plaignant d'être contrôlés à tout va, à la différence de nombreux plaisanciers "qui peuvent continuer à mouiller avec leurs ancres charrues dans les posidonies. Ils détruisent nos filets avec impunité, on voit notre zone de pêche se réduire, c'est désarmant". Le souci vient notamment des bateaux qui ancrent le long des Embiez, bien souvent ils ne maîtrisent pas leur ancrage, et avec un coup de vent, l'ancre ripe sur les posidonies et dévie parfois jusqu'aux filets des pêcheurs. L'autre inquiétude réside aussi dans le projet de mise en place d'une réserve à Cassis (La Cassidaigne): "on va bientôt se retrouver à 300 ici dans une zone de plus en plus réduite. On nous met de plus en plus de bâtons dans les roues pour pratiquer notre métier". Sur le sujet, l'association Sanaryenne l'Encre de mer a repris un texte passionnant d'Alain Le Sann (secrétaire du collectif pêche et développement) intitulé "Réserves marines : une autre forme d’apartheid ?"*
Les pêcheurs en danger?
Le cousin du premier prud'homme concluait avec humour: "avec Natura 2000 ils veulent protéger les sites, les espèces, mais aujourd'hui la seule espèce en voie de disparition est bien celle des pêcheurs professionnels". Une réalité difficilement contestable qu' il faudra bien un jour entendre. Ils sont aujourd'hui au nombre de 14 à la prud'homie du Brusc et l'on peut parier que le chiffre ne fera que baisser, jusqu'au jour où ils ne figureront plus que sur des photos, dans un musée...

http://www.l-encre-de-mer.fr/2013-01-20-reserves-marines-accaparement-des-oceans-depossession-des-pecheurs/#more-8217

D.D, le 29 janvier 2013

Autres photos:

Les pêcheurs ne ramènent pas que des poissons dans leurs filets comme cette énorme roue toute ensablée.
Les pêcheurs ne ramènent pas que des poissons dans leurs filets comme cette énorme roue toute ensablée.