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Le 20. août 2014 à 19h08

Le Brusc Ecologie Les mercredis de la mer : La grande nacre

Pour cet avant dernier mercredi de la mer sur l’Ile des Embiez, Nardo Vicente, chercheur émérite de l’Institut Océanographique Paul Ricard, a parlé d’une de ses grandes passions : la grande nacre. C’est le témoin privilégié de nos fonds marins et de son état.

Témoin de la biodiversité, véritable enregistreur vivant de son milieu, la grande nacre est le plus grand coquillage du monde avec le bénitier tropical. C’est lors de la création du Parc National de Port Cros, en 1970, qu’elle a été mise à jour, par le Commandant Tailliez. Sur un hectare, il y avait 122 spécimens, ce qui est rarissime.
Ce dernier a alors demandé à Nardo Vicente, chercheur à l’institut Océanographique Paul Ricard, de s’en occuper. Nardo s’est alors chargé de l’étude de cette cousine géante de la moule et a été à l’origine de sa protection en 1992, puisque depuis cette date, il est interdit de la prélever de son milieu naturel. Il était donc tout à fait logique que le chercheur, maintenant à la retraite, mais officiant toujours bénévolement à l’institut, soit l’animateur de ce mercredi de la mer.

Hermaphrodite successive


Après des années d’étude, on n’arrive toujours à à faire sa reproduction en captivité. Alors qu’en 1990, une des élèves de Nardo Vicente, a percé le mystère de sa reproduction, c’est maintenant un élève du chercheur qui travaille sa thèse sur ce sujet. « On n’y est pas encore arrivé, mais on trouvera », commente Nardo Vicente.
Lors de ce mercredi de la mer sur ce coquillage géant, la petite salle du musée océanographique était pleine. Qui aurait pu croire qu’une moule géante déplace les foules ? Avec son talent oratoire habituel, Nardo Vicente a alors raconté l’histoire de ce coquillage et sa vie. L’assemblée a alors apprise que la grande nacre peut vivre plus de 40 ans et qu’elle est hermaphrodite successive… Cela veut dire qu’elle a les deux sexes et se reproduit elle-même, mais étape par étape. D’abord elle produit les spermatozoides et ensuite, plus tard, les ovules. Il faut donc des grandes nacres d’âges différents pour arriver à synchroniser les deux !
Grâce à sa longévité, elle est un témoin de l’évolution de la qualité de l’eau, au même titre que les herbiers de posidonie De plus, les différents organismes qui se collent à sa coquille donnent aussi des indications précieuses. Vivant de 0 à -50 mètres, c’est là que tout se passe.

Une nouvelle fois, l’exposé était de grande qualité et a porté son message. Quand on sait que les prédateurs de la grande nacre sont les pieuvres et l’homme (ancres de bateaux, pratiquants de paddle dans la baie…), on ne peut qu’être sensibilisé.

PH, le 20 août 2014

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