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Le 25. juillet 2012 à 20h58

Le Brusc Disparition Le « grand » du pays s’en est allé

Le village du Brusc est en deuil. Philippe Veron nous a quittés après avoir lutté dix ans contre une longue maladie.

Ses amis pourront lui rendre un dernier hommage jeudi, 15h, en l’église Saint Pierre du Brusc.

Ses amis pourront lui rendre un dernier hommage jeudi, 15h, en l’église Saint Pierre du Brusc.

La triste nouvelle s’est répandue comme une trainée de sable le long du quai Saint Pierre, sur toutes les terrasses, dans les maisons et les jardins alentour: le « grand» du pays a cessé de rire. Le chagrin était palpable ce matin parmi les habitués du Piadon, certains pouvaient parler, d’autres gardaient leur peine et leur souvenir complice de ce grand gamin qui trainait avec ses ainés sur le port, en mer ou dans la colline. Arrivé au Brusc à 9 mois à peine avec ses parents dans les années 50, il n’a jamais vraiment quitté son port. C’est là qu’il rencontra sa femme, Françoise, c’est là qu’il éleva son fils Sébastien, c’est là qu’il bâtit sa vie, qu’il noua ses amitiés indéfectibles et qu’il puisa toute son énergie. De la mer, il fit son métier, sa ressource, sa raison de vivre: il fut tout d’abord pêcheur et plongeur professionnel. Philippe aimait son port, il aimait l’odeur du quai au petit matin, odeurs d’embruns et d’algues.
Roger Anibal partageait avec lui une amitié fraternelle : « Je l’ai connu à l’époque où il faisait les Beaux Arts à Toulon, il avait du talent et une grande culture. On pêchait souvent ensemble, ont calait les filets, on jouait aux boules, on allait aux champignons et on faisait aussi beaucoup de conneries. C’était un amoureux de la nature, il connaissait chaque chemin, chaque ruisseau du coin. Les plus grandes amitiés se nouent à 20 ans, il était mon ami, mon frère».
Odette Laure, 77 ans, parle de lui avec la même émotion : « C’était un brave petit et même s’il avait son caractère et son franc parler, il était aimé de tous car il avait un cœur d’or. Il était toujours prêt à rendre service, il aurait donné sa chemise! ».
D’autres diront qu’il était un grand voyageur. Si le Brusc était son port d’attache, il connut toutes les mers du monde où il exerça d’importantes responsabilités sur les plateformes pétrolières d’Amérique, d’Afrique, d’Asie et du grand Nord. Mais avant toute chose, il avait une extrême sensibilité d’artiste qu’il ne trouva pas l’occasion d’exprimer. Il maniait la langue, dans de grandes joutes verbales provocatrices et grinçantes qui dissimulaient sa réelle bonté.
Lundi soir, le grand gamin, le « grand » du pays s’est éteint. Ce matin, sur le petit port du Brusc, sur « son port », le café au Piadon avait un goût amer.
Ses amis pourront lui rendre un dernier hommage jeudi, 15h, en l’église Saint Pierre du Brusc.

A.I, le 25 juillet 2012