(0)

L’association de cinéphiles Lumière(s) du sud alterne projections suivies de débat au Six n’étoiles et rencontres autour d’un film (et d’un en-cas !) à la Villa Nuraghes. Il est exceptionnel que l'intervenant soit un metteur en scène. C’était pourtant le cas, et pour la deuxième fois (voir notre article), Daoud Aoulad Syad venait présenter l’un de ses films et les membres étaient nombreux, lundi 3 mars, pour découvrir « En attendant Pasolini ».

Un parcours atypique

Daoud est un scientifique. Il a un doctorat de l’université de Nancy en mathématiques et physique fondamentale et a longtemps été professeur de faculté. Tombé par hasard sur une exposition d’Henri Cartier-Bresson sur les Français en vacances, il a une révélation et fait l’acquisition de son premier appareil photo. Cartier-Bresson lui conseille d’aller photographier les Marocains, ce qu’il fait jusqu’à ce qu’on vienne le chercher pour faire des portraits de vignerons bandolais pour Photomed en 2013. Il prépare actuellement une grande exposition à la Maison européenne de la photographie à Paris en 2015.

Autre rencontre déterminante, le directeur de la FEMIS l’invite, avec douze autres réalisateurs, à une université d’été. Il y apprend le cinéma avec les grands et est, à ce jour, l’auteur de 5 long-métrages et de nombreux téléfilms.

Film sur un film

Les studios d’Ouarzazate au Maroc attirent les grandes productions étrangères. En voyant un documentaire sur les figurants, Daoud découvre Thami, qui a été l’amoureux de Pier Paolo Pasolini lors du tournage d’ « Œdipe roi », au milieu des années soixante.

Daoud ne connaissait pas Pasolini. Il se passionne pour ce poète, réalisateur, essayiste. « C’est le Dogme avant l’heure, » dit-il, en faisant référence au mouvement lancé par Lars Von Trier. « Ce Godard italien a rendu hommage au Maroc et avait demandé la nationalité marocaine. Dommage qu’on ne la lui ait pas donnée ! »

Il revient sur les merveilleux lieux du tournage d’« Œdipe roi » et décide de mêler fiction et réalité dans « En attendant Pasolini », qu’il tourne en 2007. On y voit les villageois vivant de figuration dans les productions étrangères et Thami accuser les occidentaux d'avoir tué Pasolini parce qu'il les dérangeait, peut-être justement par son discours sur le "Tiers-Monde".

L’ambiance lundi soir était conviviale et les mets apportés par les membres (et par Daoud  !)délicieux.

Daoud Aoulad Syad et la secrétaire de LDS, Pascale Parodi.