Le 13. juillet 2010 à 10h30
Le Brusc
Association Matriochka
Tchekhov en trois scènes à la Bastide Galitzine
La compagnie Atout Théâtre en représentation à Six-Fours
La magie venait du lieu mais aussi de l'interprétation que nous a servie la troupe parisienne. Des scènes de vie qui dévoilent avec humour les petits ou grands défauts de l'être humain: ses mesquineries, ses médiocrités ses peurs ou ses désespoirs.
Dans "Les méfaits du tabac", Niouchkhine, profite de la conférence qu'il donne pour se livrer et régler ses comptes avec sa femme « avare, méchante et acariâtre ». Et au fil de son long monologue, performance théâtrale où l'acteur passe de l'abattement, à la crainte puis à la révolte, le mari apeuré finit par hurler son désir de « fuir et tout planter là ». Le fera-t-il?
Les spectateurs sont invités dans la deuxième pièce- « La demande en mariage »- à pivoter sur leur chaise pour découvrir la deuxième scène où Lomov, jeune voisin, vient faire péniblement sa demande en mariage à Irina , mère de Natalia. Mais la déclaration d'amour se transforme rapidement en querelle de voisinage. Arriveront-ils à s'entendre?
Puis, les spectateurs se déplacent vers une troisième scène « Le chant du Cygne » dans laquelle Tatiana, vieille actrice alcoolisée usée par la vie et les feux de la rampe, retrouve peu à peu la mémoire de ses plus grands rôles. A-t-elle encore du talent, se demande-t-elle?
Créée en 1991 à Paris sous l'impulsion de Jean-Luc Launay et de trois comédiens professionnels, la compagnie « Atout Théâtre » travaille une pièce par an. Tout est monté collectivement: le choix de l'auteur, l'adaptation du texte, la distribution des personnages, les costumes.
Aujourd'hui, cinq comédiens ont ainsi répété durant une centaine d'heures sous la direction exigeante de Jean Luc Launay, pour plusieurs représentations à Paris.
Désormais,les spectacles annuels de la troupe deviennent un passage obligatoire au sein de l'association Matriochka présidée par Charlotte Biasetti.
Les mots des comédiens
Emmanuelle Degeorges, 22 ans, étudiante, intègre cette année l'Ecole supérieure de Théâtre de Bordeaux-Aquitaine. Elle découvre le théâtre au collège, puis au lycée. Après un master, elle sait aujourd'hui qu'elle veut en faire son métier. «je rêve de monter une vraie troupe, pour moi le théâtre c'est faire partie d'une famille».
Bernadette Leroy, 49 ans, responsable de formation dans un organisme de santé, suit la troupe depuis de nombreuses années avec quelques interruptions. «Mon amour du théâtre est né de ma rencontre avec notre metteur en scène. Il porte un regard très attentif et respectueux sur nous et favorise notre connivence. Et puis le théâtre m'aide à me positionner dans ma vie professionnelle. Ce n'est pas toujours facile quand on a travaillé toute la journée , de mettre de côté tout ça et de se rendre disponible pour se mettre dans la peau d'un personnage».
Dolio Sfascia, 77ans, ex-professeur d'économie à Dauphine (Paris), retraité aujourd'hui mais exerçant encore dans sa spécialité en Argentine: «Je me suis rendu compte que j'aimais m'exhiber...je faisais mon théâtre en classe, j'avais un public et ça m'a manqué lorsque je suis parti à la retraite. Et puis aussi, j'aime me mettre dans la peau de quelqu'un d'autre».
Jo Bissenger, 71 ans, cadre retraitée: « Le théâtre c'est une histoire d'amour à 4 entre l'auteur, le comédien, le metteur en scène et le public. C'est aussi le goût de faire connaître des auteurs qu'on aime».
Nicolas Midon, 33ans, travaille au Pôle Emploi: «le théâtre est le seul métier qui sache allier le physique et l'intellectuel, il m'apporte un équilibre très complet. Et puis c'est une ouverture à la découverte d'auteurs, de partenaires et de soi même. C'est un travail de patience qui m'apporte du plaisir».
Voilà un bel exemple de travail collectif qui rassemble tous les âges, tous les horizons, toutes les sensibilités avec comme trait d'union l'amour du théâtre. En quelques mots: construire ensemble un projet et l' aboutir!
A.I, le 13 juillet 2010